Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article PATRIMONIUM PRINCIPIS

PATRIMONIUM PRINCIPIS

PATRIMONIUM PIIINCIPIS. IIAlrr-EMPJHE.. A. Les biens privés impériaux qui ne proviennent pas des ressources publiques ont constitué dès l'origine le patrimoniatm. Le fisc est aussi, au début, la l'es famlliai-is et par conséquent la propriété de l'empereur' ; donc en droit, quoiqu'il y ait encore discussion sur ce point', le patrimoine fait probablement partie du fscus 3; mais en fait et surtout au point de vue administratif, il a eu pendant longtemps une place à part, à côté des autres revenus ; il représente la partie la plus personnelle de la fortune impériale. Ensuite il subitla même évolution que le fisc; l'idée de propriété privée perd du terrain au profit du droit de l'État; et le patrimoine devient peu à peu le bien de la couronne. Cette évolution reste invisible tant que le patrimoine se transmet aux empereurs de la même famille, de la gens Julia ; mais elle apparaît nettement quand il passe, avec Vespasien', à une nouvelle dynastie, puis successivement aux dynasties suivantes 6. Cette transmission devient une règle juridique, déjà posée par Caligula 7, confirmée par Antonin : tout legs en faveur d'un prince, même désigné par son nom, passe à son successeur 8, Le droit de patronat lui-même se transmet avec le principats. Pour laisser leurs biens propres en partie ou en totalité à leurs héritiers non appelés au trône, les empereurs doivent avoir recours à des dispositions spéciales, soit de leur vivant, soit par testament t0. Enfin Septime-Sévère reconnaît implicitement au patri PAT 351 PAT moine le caractère de bien de la couronne en créant le nouveau patrimoine privé, la RATIO PRrvATA t, qui subit à son tour la même évolution et forme au Bas-Empire le domaine de la couronne. Dès lors, le patrimoine ne peut plus guère s'accroitre et redevient une branche du fisc. Le patrimoine est aliénable 2, comme tous les biens du fisc ; les empereurs en ont fait de nombreuses sentes 3 et surtout des donations (bene/icia), qui figurent, classés par régions, sur le liber beneficiorum à des amis, à des délateurs, à des courtisans 5, plus tard, surtout sous Constantin, à l'Église chrétienne °, quelquefois à de petits propriétaires 7 ; mais néanmoins, dans son ensemble, il a été très stable 8. B. Ses principales sources d'accroissement ont été : Le patrimoine des nouveaux empereurs, depuis et y compris Auguste'. 2' Les pécules des esclaves impériaux qui reviennent à l'empereur en cas de mort 10 30 La portion des héritages des affranchis impériaux qui revient légalement à l'empereur comme patron 11 [LIBERTÉS, p. 12111-121' et la portion qu'il prélève aussi par un droit de patronat fictif sur les héritages des affranchis de patrons dont il a recueilli la fortune par héritage ou confiscation 12. 4° Les héritages et les legs laissés à l'empereur. L'habitude, déjà fréquente à la fin de la République 19, de gratifier les amis de libéralités testamentaires s'est considérablement développée ensuite au profit des empereurs et devient presque une règle 14. Les mauvais empereurs s'arrogent le droit de casser tous les testaments où ils ne sont pas inscrits. Ce fut là une source de revenus énormes ''. Les doubles noms portés par beaucoup d'esclaves et d'affranchis impériaux indiquent souvent de quel héritage ils proviennent 1°. Auguste a dépensé dans l'intérêt public, sur les successions de ses amis, 4 milliards de sesterces sans compter ses patrimoines L7, tout en refusant beaucoup de legs et en dédommageant louvent les familles des donateurs 13. Il a revu en particulier des legs mobiliers ou immobiliers '9 : de Mécène 229, d'Horace, de Virgile, de Cornelius Cinna, de Sempronius Atratinus 21, d'Agrippa 2', de Vedius Pollio 23, du roi Iférode 1', probablement d'Amyntas de Galatie, de son fils l'vlaimenes et d'Archelatis de Cappadoce 22 'libère, d'abord modéré, oblige ensuite presque tous les riches citoyens à lui laisser des legs, après la chute de Séjan dont il recueille probablement l'immense fortune". Caligula est encore plus rapace et reçoit ainsi les immenses domaines de Sextus Pompée 27. Claude est très modéré 2s. Néron revendique tous les testaments ingrats pour le prince '3, ruais nous avons peu de renseignements sur les héritages qu'il a dû recueillir30. Domitien R1, d'abord modéré, revient ensuite à la politique de Néron que suit également Coins mode 32. Trajan 63, Hadrien, Antonin, Marc-Aurèle, Pertinax montrent au contraire la plus grande équité'. Pour le service des héritages, il y a, dès Tibère, des affranchis 3,; avec Domitien commence la série des procurateurs, d'abord de rang inférieur, tantôt affranchis, tantôt chevaliers 90, avec des subalternes tabalarii, adjutores tabuloriorum, ab auctoritalibus, a commentariis, librarii, et la caisse dite /iscus lteredi tatium °7. A partir d'Hadrien. les procuratores Izereslïtatiurn, tous de l'ordre équestre, deviennent ducenarii; cette élévation tient probablement à une extension de leur compétence sur les lama caduea qui passent, par exception sous Hadrien, définitivement sous MareAurèle, de la caisse du peuple au fisc [BONA CAD,CA(; ils administrent donc à la fois les héritages du fisc et ceux du patrimoine '8; mais après la création de 1a res pr-ivate par Sévère, ils ne gèrent plus que les héritages fiscaux 19; les héritages privés passent à la ras priva/a, à l'époque de Sévère sous un procurator hereditatium patrimoniï privati L0, plus tard sans doute sous le procurator rationis privatae. Les biens-fonds, provenant des héritages privés et non vendus, entrent dans le patrimoine'' Il se peut qu'on y ait aussi incorporé des laina caeluca. 50 Les biens confisqués [B0NA DA]INATORLàl]. Jusqu'à PAT 352 PAT Septime-Sévère, ils vont régulièrement au trésor du peuple', mais, dès Tibère', il y a, même sous de bons empereurs, de nombreuses exceptions à ce principe, en faveur du fisc; le patrimoine a certainement recueilli aussi beaucoup de ces biens A partir de Septime-Sévère, ils sont recueillis par le fisc sauf la masse considérable des biens confisqués après les défaites de Pescennius Niger et d'Albinus, et avec lesquels cet empereur constitue en partie la ratio privata. 6° Les achats faits par les empereurs °. C. Au sens large, le patrimoine a dû comprendre, outre les sommes en numéraire et les biens-fonds, le mobilier des palais, la garde-robe, les écuries, les bibliothèques impériales, le personnel de la cour, des jeux, des fêtes. Il est probable que c'est d'abord le patrimoine qui fournit l'argent nécessaire pour tous ces services ; il est sans doute au début centralisé, puis réparti par l'a rationibus. Ensuite, probablement sous Claude, les revenus patrimoniaux, recueillis par le chef du patrimoine, mais toujours sous la surveillance de l'a rationibus', sont répartis entre deux grandes sections nouvelles, la ratio castrensis, avec son procurateur 8 pour les dépenses militaires de l'empereur et les résidences impériales des provinces, et la ratio thesaurorum, avec le procurator thesaurorum, qui subvient aux besoins des différentes rationes du palais. Des sommes importantes sont sans -doute attribuées spécialement à des services dont les procurateurs et les familiae ne relèvent probablement que de l'empereur, ainsi au personnel attaché à son service particulier, à sa cassette privée (ratio peculiaris). Enfin, à partir de Septime-Sévère, c'est la res privata qui subvient aux dépenses de la cour9 et les thesauri paraissent devenir de simples dépôts d'objets précieux. Pour toutes ces matières nous renvoyons aux articles spéciaux : RIBLIOTHECA, GLADIATOR, RATIO, et toutes les subdivisions du mot RATIO. Nous n'avons à étudier ici que les biensfonds du patrimoine et de la res privata. 1. Les mines, carrières et salines [MARNIGR, METALLA, Il. Les palais [RATIO]. III. Les simples domus de Rome. On connaît les suivantes : Ad capita bubula, Hortensiana, sur le Palatin ; la maison de Sextus Pompée près du Forum d'Auguste, celle de Germanicus sur le Palatin, les maisons Gelotiana, Domitiana 10, Vectiliana ", la maison des Gordiens, la domus Lateranorum'". Ces bâtiments et les insulae impériales sont administrés par des esclaves et des affranchis 13. IV. Les jardins de Rome, horti. A la liste déjà donnée [HORTUS, p. 278-281] on peut ajouter" : les jardins de Sénèque '°, peut-être les horti Antoniani, sous Claude 1fi, les jardins de Galba, peut-être appelés Sulpiciani" ; les borti Peduceani 1 e, les horti Atticiani, sans doute de l'affranchi de Domitien Atticus f9, les horti Aponiani 20. Quand Rome cessa d'être la résidence impériale, on dut vendre la plupart des jardins ; les régionnaires ne citent plus que les horti Sallustiani, Pallantiani, Largiani, Domitiae, Getae. V. Les villae ou praetoria d'Italie, avec leurs dépendances 21. On connaît : la villa d'Auguste à Nola 20, la villa ad Gallinas de Livie, près de Prima Porta23; le Pausilippe donné à Auguste par Vedius Pollio 24 ; File de Caprée, obtenue de Naples par Auguste en échange d'Aenaria a3 ; la villa de Lucullus à Bauli 26 ; la villa d'Antium, dès Auguste 27 ; l'ensemble des villas de Tusculum, au moins quatre, de différentes origines, avec une villa des Quintilii 28 ; la villa de Baiae, avec ses immenses dépendances le domaine de Pison, le Puteolanum de Cicéron et la villa d'Agrippine à Bauli 29 ; la villa de Surrentum 3° ;l'ensemble des domaines qui relèvent du procurator Formis Fundis Gaietae ; la villa Spelunca, les villas de Caieta et de Formiae, la villa de Mamurra, une possessio Statiliana 31 ; la villa de Sublaqueum dès Néron32; le praetorium Pallantianum dans la Sabine 33 les biens d'Acté, l'affranchie de Néron, à Velitrae et Puteoli 34 ; l'ensemble des palais et des villas d'Albanum, avec le camp de la légion II Parthica 35 ; les villas de Circeii, d'Ostie et de Portus 38; une villa auprès du lac de Nemi 37 ; les villas de Centurncellae 3S, d'Alsium, de Lorium, de Lanuvium39, de Praeneste40, probablement de Laurentum41 ; la villa des Quintilii sur la voie Appienne, celle des Gordiens sur la voie Praenestinet0; la villa d'Iladrien à Tibur :3. Chaque villa a son personnel où nous trouvons des procuratores, actores, vilici, PAT 353 PAT subvilici, tabularii, dispensatores, commentarienses. VI.Les domaines situés en Italie. Il y en a encore peu à l'époque de Tibère', mais ils prennent un grand développement au u° siècle ; ils forment des tractus divisés en regiones, subdivisés en saltus, possessiones, praedia, plus tard massue 2. On connaît des domaines : en Calabre, sous le procurateur de la regio Calabrica ; en Lucanie 4 ; en Apulie 5 ; en Carnpanie 6, à Capoue à Abella 8; dans le Sarnnium 9; dans l'Italie centrale où des inscriptions citent unprocurator privatae per Salariam, Tiburtinam, Valeriam, Tusciam, qui avait été auparavantprocurator per Flaminiam, Umbriam, Picenum 10, un procurator privatae reg;ionis) Arintinensium un procurator stat(ionis) privat(ae) per Tusciam et Picenum12, un procurateur de la res privata pour la Flaminia, l'Aemilia et la Ligurie13, et indiquent différentes combinaisons, des groupes fonciers dans l'Étrurie, dans le nord du Latium, chez les Eques, les Marses, les Peligni. les Vestini, les Sabins1', dans le Picenum, dans l'Ombrie jusqu'àRimini, dans laLigurie vers Verceil et Ravenne'0, dans la Transpadane' 7 ; dans l'Istrie où le procurateur réside à Pola 18. D'autres domaines sont indiqués par les inscriptions de briques sorties des figlinae impériales 19 ; les plus anciennes sont celles qui proviennent d'Agrippa, dans le pays des Bruttii ; puis on a les Bucconianae, Domitianae, Caninianae et portusLicini, Lusianae, Favorianae, Genianae, Marcianae, Oceanaemajores et minores, Quintianae, Ponticulanae, Rhodinianae, Septimianae, Terentianae, praedia Liciniana, Statoniensia, Sulpiciana, Pausaniae20.On ne connaît que de nom des domaines isolés : un saltus Domitianus21, des praedia Galliana, peut-être identiques aux saltus Galliani Aquinates 22, des praedia Luciliana23, des praedia Galbiana ou Galbana près del'Aventin24, Maeciana n, Peduceana et Romaniana2B. Les îles Pontiae et Pandateria, lieux de VII. déportation, appartiennent sans doute à l'empereur n. VII. Les domaines provinciaux. 1° OCCIDENT. Ils paraissent avoir été peu importants, n'offrent ni tractus ni regiones. Espagne. On connaît les possessions de Lusitanie 28, et surtout celles de Bétique 2" par les timbres des amphores expédiées à Rome de quatre lieux : Astigis, Cordula, IIispalis, Malaca par le port de Gildes, et qui probablement après les grandes acquisitions de Septime-Sévère30 donnent la formule /isci rationis patrirnonii de Bétique ou de Tarraconaise 31 Gaule. On a des inscriptions de procurateurs et de subalternes32, la réunion probable des biens de la Narbonaise et de l'Aquitaine 33, de la Belgique et des deux Germanies 3' peut-être un groupe spécial à Lectoure". Rhétie 36 orique37, les deux Pannonies 38, Sardaigne 39, Sicile ". 2° ORIENT. Macédoine4', Acha'ïe42, Crète 43, Chypre", Chersonèse de Thrace", Asie. Les très importants domaines de l'Asie paraissent avoir été sous la direction générale du procurator Asiae qui réside à Éphèse 46. Le groupe le plus considérable est celui de Phrygie, hérité soit d'Amyntas de Galatie, soit d'Attale de Pergame, qui comprend les domaines d'Ormelos, d'Alastos, de Cibyra, de Phylakaion, de Tymbrianassos, de Bindaion, de Dipotamon, de Docimium dans la vallée du Lysis, lesaltus de la vallée du Ternbrogios, et qui, au moins sous MarcAurèle, a relevé d'un procurator Phrygiae7t. Puis ily a des groupes à Philadelphia et à Thyatira en Lydie Æ8, probablement à Patara de Lycie, en Carie, dans l'Hellespont, en Cilicie 49 ; des groupes importants, formés sans doute d'anciens domaines de rois et de temples. dans la Bithynien0 et la Cappadoce 5t, puis dans la Syrie o2, la Phénicie n et la Palestine54. 3° ÉGYPTE. Abstraction faite des biens des temples, qui fournissent à l'empereur 55 différents impôts, le domaine d'Égypte, très important o6, comprend deux 45 PAT parties, les terres fiscales, l'ancienne lr 3x .i:'(, administrée par le préfet d'Égypte et ses procurateurs, le domaine privé des empereurs, îd zoç oûrtax;s ou haiercoç, subsiste encore après 1'époque de Dioclétien oit il y. a le magister privatarum Aeggpti à côté du rationalis, et jusque sous Justinien'. Le domaine privé, alimenté surtout par les héritages, les biens confisqués, les bona caduca, vacantia l', relève de l'idiologus, l'ancien b robç ti idiw ad; i des Ptolémées qui réside à Alexandrie, a des bureaux (tabularia) et sous ses ordres l'administration de l'ounnasèç nd,toç qui comprend les procurateurs locaux, d'abord affranchis, puis chevaliers, procuratores usiaci 5. Les domaines loués à de grands fermiers, (lui ont, des sous-fermiers, et surveillés chacun par un oixovduoç, portent le nom générique de oéc. , o ' gcr et gardent souvent aussi le nom de leurs précédents propriétaires ; ainsi Mécène, Sénèque, Narcisse, Pétronius, le troisième préfet d'Égypte, Germanicus et Livie, Agrippine 6. Le domaine d'Alexandrie forme une ratio spéciale sous le procurateur ad dioecesim Alexaudriae qui a sous ses ordres le procurator Alexandriac et probablement aussi le procurator ad 1lercurium et le procurator _Veaspoleos et rnausolei Alexandriae 3. 4° AFRIQUE. Le domaine privé apparaît dès Auguste; if s'augmente considérablement sous Néron par la confiscation des biens immenses de six propriétaires ° et probablement sous Commode sous Iequel on voit un procurateur ad bona cogenda in _1 frisa 10, puis sous Septime-Sévère. Les grands domaines (.saltus) sont groupés en tractus (aussi appelés dioecesis, provincia, regio), qui ont comme subdivision ordinaire la regio; on connaît quatre grands districts dans l'Afrique proconsulaire : le tractus Carthaginien.sis, le tractus Hadrurnetinus, la regio Leptitana (ou Leptirninensis) et la regio Tripolitana", deux dans la Numidie, le tractus Ifipponiensis et le tractus Thev'estinus'2; il. paraît y avoir eu aussi pour l'ouest de la Numidie une branche spéciale à i'hamugadi '3, peut-être une autre à Lambaesis''. Chaque tractus a son procurateur de rang équestre, sa caisse et des bureaux (tablllariuni, commentarium). On connaît surtout le personnel de ceux de Carthage' 3, tabularii, a(lj)rioa es Cccbulrrrïi, eommentarienses, edjulores a coma nientardis, libracii, notOrii, saltr(arii, nontenclatores, praecones, tabellarii, in inistratores, cursores avec un ('.i'err'itr,tur et un doctor, pedisequi, medici, a'jrimensores, rhorographi, paedagogi, aeditui, eustos Larum. Chaque repli a aussi sa caisse (mense), avec son personnel (adjutor, dispensator, vilirus) ; on connaît pour le tractus de Carthage cinq régions'° et deux pour celui d'Ilippo L7. Au tractus de Carthage, qui englobe tout le nord de l'Afrique proconsulaire, ont appartenu les saillis lburunitanus, PIii!o,nus ion us et au sud du Bagradas les cinq saltus l'den sis, Thusdritanus, Lamiianus, Boni itianas, Iblandianu.s, ainsi désignés soit d'après les lieux, soit d'après les noms des anciens propriétaires 16. Le patrimoine de Mauritanie, formé en partie des biens de Matidia la jeune, a relevé d'abord du procurateur provincial, puis d'un procurator rationis privatae21, On a conjecturé" qu'il y avait à Cartilage une caisse générale du patrimoine pour toute l'Afrique. D. Les impératrices, princes et princesses de la famille impériale ont eu aussi leur patrimoine. On a vu les domaines de Livie en Judée, en Lydie; la liste de ses esclaves montre ses nombreux héritages 22. Les timbres de briques et des textes déjà vus font connaître des domaines, des esclaves d'Antonia, femme de Drusus, de Messaline, d'Agrippine, de Poppoea Sabina, d'Octavie, de Domitia, de Flavia Domitilla21, de Plotina femme et de Marciana soeur de Trajan, de Boconia Procilla, grand'mère et d'Arria Fadilla, mère d'Antonin, de Matidia la jeune, des deux Domitiae Lucillae des deux Faustinae -5, d'Aurelia Sabina fille, d'Annia Cornificia Fanstina soeur, et d'Ummidia Cornificia Faustina, nièce de Marc-Aurèle 96. Plusieurs de ces biens appartiennent en commun au prince et à son épouse". Jusqu'à SeptimeSévère, ils sont administrés par des procurateurs et gardent le caractère de biens privés sa; ils forment ensuite une branche de la ratio privata, munie de tous les privilèges fiscaux 20. E. Le patrimoine parait au début avoir eu la même administration centrale que le fisc 30. C'est probablement Claude qui a créé, en même temps que l'a rutionibus le premier procurator Augusti a patrirnonio 31 ; ce personnage, d'abord pris parmi les affranchis, puis parmi les chevaliers, peut-être dès Néron et Vitellius 32, est souvent en même temps procurateur des héritages et ab epistulis et a libellis 33 ; son service (ratio) a son tabulariuin, son comuaentarium, sa statio patrimonii 34, mais n'offre aucune trace d'une caisse. II a peut-être dirigé le patrimoine, non seulement de l'Italie, mais de tout l'empire jusqu'à l'époque d'Hadrien ; à partir de ce moment, son importance décroît et les procurateurs provinciaux paraissent s'adresser directement à l'a ratios nibus3J. Hadrien a donc probablement restreint à l'Italie la compétence du procurateur de la station centrale ; PAT 355 PAT elle est encore diminuée par la création de la ratio privata; la station centrale se confond peut-être au cours du ul° siècle avec le fisc, car on ne trouve plus en Italie de procurateurs du patrimoine après Caracalla', tandis qu'ils subsistent ailleurs a côté de ceux de la ratio privata'. En dehors de l'Italie, il n'y a de grands fonctionnaires qu'en Égypte et en Afrique 3 ; ailleurs c'est probablement le procurateur provincial qui dirige les procurateurs domaniaux qu'on a vus, ou, s'il n'y en a pas', la caisse spéciale affectée au patrimoine. La ratio privata a eu dès le début à sa tête un procurateur important, trecenarius, le procurator ratinais privatae3, plus tard, au début du Bas-Empire, magister rai .su/nonae privatae °. Ce fonctionnaire parait avoir peu de subalternes et on ne sait s'il e possédé de suite une caisse centrale F. Pour l'organisation intérieure et l'exploitation des domaines du patrimoine et de la ratio privata, nous renvoyons à l'article LATIFUNDIA (p. 962-971). BAs-EMPLRE. Pour la mes privata, le sacrum patrimoniuna et ladomus divisa, nous renvoyons aux articles institués par le roi Cléomène III, pour amoindrir la puissance du sénat qui s'opposait à ses réformes Nous avons peu de renseignements précis sur leurs attributions. A une époque incertaine, probablement dès leur création, le premier d'entre eux remplaça le premier des éphores, comme éponyme de la cité. De nombreuses inscriptions qui vont du et siècle av. J.-C. jusqu'à la fin de l'Empire, mettent le fait hors de doute et montrent l'erreur de Pausanias qui attribue l'éponymat aux éphores, comme à l'époque de la royauté Il y avait six patronomes, avec six assesseurs, formant un collège qui avait un secrétaire et trois sous-secrétaires 3. C'était la dignité la plus élevée et on n'y parvenait qu'après avoir passé par les autres charges. Elle était annuelle, mais le même personnage pouvait l'obtenir plusieurs fois'". P. FoLCAR'r.